Samedi 22 septembre 6 22 /09 /Sep 07:23

 

Ma façon à moi de kiffer les keums

 

V

 

 

        Je ne sais pas pourkoi, mais je pense ke depuis le début, Xelias, tu as capté mieux ke d'otres ki j'etais vraiment dans ma sexualité. Alors j'te laisse faire l'intello de service, car tu le fais beaucoup mieux ke moi. En tout cas, kan j'ai lu ton comment, je me suis vraiment reconnu.

 

Xelias : A mon tour de squatter le blog de Wajdi. De mon point de vue, le débat qui oppose ces derniers temps Wajdi à quelques lecteurs tient dans ce qui constitue le fonds de l'identité de Wajdi. Au fond de lui, est-il plutôt un homosexuel refoulé qui se cache derrière une façade d'hétéro en se refusant aux appels de la tendresse entre hommes ? Ou n'est-il que ce qu'il veut bien affirmer, un vrai bisexuel - c'est-à-dire un hétérosexuel, un homme qui aime les femmes mais qui a besoin de temps en temps des mecs pour vivre des moments plus forts et plus virils ?

J'aime bien les raisonnements psychanalytiques (même si je n'y connais pas grand chose) donc je pourrais très bien aller dans le sens de ceux qui disent que Wajdi n'est pas ce qu'il prétend être. Et pourtant, non. Pour l'instant, dans tout ce qu'il dit - et on peut dire qu'il s'est déjà beaucoup livré - je ne vois pas de quoi remettre en cause sa thèse. J'ai l'impression que vous cherchez à interpréter son parcours en fonction du votre (un long chemin vers l'acceptation et la réalisation de votre homosexualité) alors que son parcours à lui était plutôt l'inverse. Je pourrai comparer avec mon propre parcours : quand j'étais plus jeune, c'était relativement facile pour moi de suivre le jeu social et de sortir avec des filles (quand elles voulaient bien sortir avec moi...) mais rien que l'idée de signifier à un mec qu'il me faisait envie, par un mot ou par un geste, ça me paralysait immédiatement. Parce que ça signifiait trop de choses pour moi, ça me révélait dans toute ma nudité. Déjà à l'époque je me disais que c'était beaucoup plus facile à deux hétéro de se branler ou de faire des trucs ensemble parce que, pour eux, ça n'était qu'un jeu. Alors que pour moi, c'était tout sauf un jeu.

Et Wajdi semble correspondre à ce comportement inversé. Décomplexé envers les mecs (enfin, ce n'est pas le mot, mais disons qu'il n'avait aucun problème pour se faire des jeunes mecs), mais intimidé par les filles, ne sachant pas comment s'y prendre. Non pas parce son hétérosexualité est un tabou qui doit tomber mais parce qu'au contraire, comme tous les hétéro, il ressent pleinement la différence homme-femme mais pour mieux la vivre (et non pour se contenter de l'univers masculin).
Bref, ce n'est pas parce que sa part homosexuelle est cachée qu'elle représente forcément la vérité de son être !

J'ai souvent pensé que, pour certaines personnes, l'opposition actif/passif était plus structurante, plus importante que l'opposition hétéro/homosexualité. Je trouve que ça colle assez bien à Wajdi. Même si l'opposition connu/secret couvre l'opposition hétéro/hommo, quand il "chasse" de la "gazelle" mâle, quand il domine son adversaire/partenaire, il ne descend pas de son rôle de mâle dominant, il continue - avec des mecs - un comportement qui est socialement assez valorisé avec des filles. C'est vraiment quand il est avec Yohan qu'il franchit une vraie barrière - dont il a conscience vue la manière dont il en parle : c'est dans ces plans-là que l'autre Wajdi apparaît véritablement.

Mais ce Wajdi est-il le véritable Wajdi ? Le Wajdi refoulé à cause de tabous qu'il faudrait soi-disant faire tomber ? Ou un Wajdi encore déformé par l'image qu'il veut donner de lui, un Wajdi-écran qui se refuse à laisser aller sa tendresse pour les hommes, seule véritable issue pour lui ? Rien de tout cela selon moi : il y a bien une tension entre les deux pôles de l'identité de Wajdi mais je persiste à penser que, dans son cas, l'aspect refoulé (de moins en moins refoulé puisqu'il le vit dans la réalité avec Yohan et puisqu'il en parle ici...)
n'est pas sa "véritable" identité mais juste une part de lui avec laquelle il doit faire avec.

Pour finir ce commentaire, voici quelques citations tirées d'un résumé de l'oeuvre de Jung (un psychanalyste disciple de Freud mais avec qui il a brutalement rompu), au sujet de "l'ombre" (une des figures de "l'autre" que chacun porte en soi, dans son inconscient - selon mon interprétation le Wajdi homosexuel, et plus précisément le Wajdi soumis) :

"Les figures de l'ombres ont des traits de caractère et des façons d'agir qui sont la contre-partie de la personnalité consciente. Elles sont d'autant plus accentuées que le conscient est davantage unilatéral. En les analysant, on découvre qu'ils incarnent des pulsions refoulées, mais aussi des valeurs que le conscient rejette. Aujourd'hui où le modèle est plutôt celui d'un individu agressif et sexuellement épanoui, l'ombre se forme du côté de la faiblesse et du sentiment. S'il est vrai que l'ombre d'une vieille dame retenue et timide peut être une danseuse de flamenco, une personnalité puissante peut avoir dans son ombre un enfant débile.

Il ne faudrait pas en conclure que l'ombre est l'opposé du conscient. Elle représente plutôt ce qui manque à chaque personnalité. Elle est pour chacun ce qui aurait pu vivre et qui n'a pas vécu. En cela, elle met en scène la question d'identité : qui es-tu par rapport à celui que tu aurais pu être ? Qu'as-tu fait de ton frère ? (no comment...)

Cette question dépasse le refoulement, elle attire l'attention sur ce qui naît à partir d'un choix. On observe, en effet, que chaque position engendre son contraire. L'ombre accompagne l'homme et figure auprès de lui la conséquence de ses choix. (...)

Dans cette dialectique il arrive que l'ombre se projette sur un partenaire concret et déclenche ainsi un attachement qui est l'une des formes de l'homosexualité. Il arrive aussi que l'ombre renverse l'ordre établi et s'empare du conscient de façon temporaire ou provisoire. On assiste alors soit à des comportements contradictoires, soit à un véritable bouleversement de personnalité. La deuxième moitié de la vie connaît de ces "conversions" (exemple : un cadre qui a passé son temps à licencier des gens qui devient bouddhiste à 40 ans, ou qui lâche tout pour une mission humanitaire à l'autre bout du globe).

En général, la prise de conscience de l'ombre provoque des conflits qui mettent en cause les habitudes, les croyances, les liens affectifs et plus radicalement les divers miroirs de la conscience de soi. L'expérience de ce qui a été refoulé ou de ce qui n'est encore jamais venu au conscient désarticule le moi, lui fait perdre ses repères et le plonge dans l'obscurité.

Cette expérience est la porte du réel. le conflit dû à la prise de conscience fait sauter les identifications imaginaires. La connaissance de soi est un processus qui conduit à composer avec l'autre en nous."


A l'opposé de l'ombre, il y a la "personna" - selon mon interprétation le Wajdi public, hétérosexuel, viril, macho sur les bords (et qui déborde sur le Wajdi homo quand il chasse de la gazelle.... décidément je ne supporte pas ce genre de comparaison...)

"On peut dire, sans trop d'exagération, que la personna est ce que quelqu'un n'est pas en réalité, mais ce que lui-même ou les autres pensent qu'il est. Elle résulte d'une mise au point progressive et dure aussi longtemps que les échecs extérieurs ou que la poussée interne de l'ombre ne la mette en question. Le conscient ignore alors jusqu'à quel point il s'est identifié à un rôle et à une image; il n'a pas davantage les moyens de savoir si cette apparence lui convient ou non.

Il ne s'agit pas de supprimer le masque, mais de ne plus s'identifier à lui, c'est-à-dire de ne plus utiliser le rôle social et le langage pour lui tenir lieu de sujet."

 



S'il fallait commenter tout cela en relation avec Wajdi, il y en aurait pour des pages, je suppose. Mais quelques précisions quant à mon point de vue. Déjà, tout cela n'est plus vraiment valide pour Wajdi puisque cette ombre n'est plus inconsciente : il la vit et il en parle. Donc, d'une certaine manière, il a réussi à composer avec elle, à la laisser s'exprimer d'une manière qu'il maîtrise. Ensuite, si j'ai bien compris, Jung prend bien soin de préciser qu'il ne faut ni s'identifier avec cette ombre - pas plus qu'avec la personna - ni les rejeter complètement. l'ombre n'est pas la vérité de notre identité, pas plus que la personne n'est qu'un mensonge social qu'il faudrait renier. Il faut plutôt réussir à établir un jeu dans tout ça (au sens mécanique : quand il y a un peu de place entre deux pièce et que ça bouge, et aussi au sens premier : quand on ne s'identifie pas à un rôle et qu'on peut avoir du recul).

Et je crois que, mine de rien, c'est ce que Wajdi fait au jour le jour en tenant ce blog, en prenant du recul avec tout ce qu'il vit, en réfléchissant sur d'où lui viennent toutes ces pulsions et comment il les vit.

 

      Merci Xelias, c'est sur, t'es un surdoué ! Si tu savais combien d'heures j'ai passé pour comprendre ton texte. Maintenant, j'suis bon pour me réinscrire en fac, directement en thèse mdr.

 

 

La suite du coming out 


 

Publié dans : Blogothérapie
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