Jeudi 12 juillet 4 12 /07 /Juil 00:00

 

 

 

         Je voudrais parler sur le combat et son esprit car pour la plupart, vous fantasmez grave sur cette question.

 

         Vers janvier, un gars d'une trentaine d'année est venu au club pour s'inscrire. Il avait jamais boxé ni combattu. C'est tombé sur moi pour le renseigner et c'est bien tombé j'crois. Il s'était dit ke ce serait bien d'apprendre à se battre, mais il avait pas envisagé ke se battre, ça voulait aussi dire accepter l'idée de prendre des coups. Si bien k'il venait à la boxe comme il se serait inscrit à la muscu. Les autres auraient pris son inscription ; il serait resté trois semaines et on l'aurait plus vu ; il serait parti dégouté et plus peureux k'il était venu, et il aurait replié encore plus au fond son agressivité à l'intérieur de lui-même. Une inscription, comme un combat, ça se prépare. J'ai discuté longtemps avec lui pour lui faire sentir un truc k'il ne captait pas : combattre c'est d'abord s'engager, c'est l'inverse de rêver. Lui, il devait atterrir avant de s'inscrire.

 

          C'est pas pour faire encore mon homophobe ou mon macho, mais j'crois sincèrement k'ya peu de PD dans les sports de combat. C'est preske incompatible. Pour boxer, même à l'entrainement, il faut accepter l'idée de s'abîmer. Se fouttre complètement d'être beau physiquement. La beauté, elle est dans l'intérieur du corps. Sa capacité à combattre. Mais les traits sont déviés par les coups, les paumettes tuméfiées, le nez cassé... avec plus ou moins de grace selon la chance k'on a le jour où ça arrive. La beauté elle est dans la blessure, comme une scarification. Le gars dont je parlais n'avait pas réfléchi au jour où son nez se casserait.  

 

 

 

          Vous êtes trop droles et trop mignons kan vous voulez ke j'devienne tendre. Paske tendre je le suis déjà. De deux façons. L'une à travers les caresses, l'autre à travers le combat. Et pour moi, c'est deux façons d'aimer l'autre et de lui dire. Contrairement à cke vous croyez, je suis capable de faire les deux. Seulement, les caresses, je les trouve appropriées pour ma meuf, mes reufs et mes gosses.

 

          J'aime dévoré l'autre symbolikement, l'étrangler, le piéger, l'essoufler, l'affaiblir, le coincer, l'impacter. J'aime trop mes adversaires pour seulement les caresser.

 

         Sur un ring, ya pas ke cke vous voyez. Le public applaudit les coups, plus rarement les esquives et jamais le reste. Pourtant, le point compté vient tout en dernier. Ya d'abord une stratégie et une tactique. Mes deux passions dans le combat. Gérer le temps, la succession des rounds. Observer. Fuir. Finter. Bleuffer. Déjouer. Capter la faille. Choisir une zone d'impact. Insister sur une blessure. Obliger l'autre à se contredire, à s'enfermer, à douter. Le détruire d'abord mentalement, l'exploser pour le posséder entièrement. Le balader pour l'épuiser. L'épargner pour laisser agir la peur en lui, ce poison de l'intérieur ki travaille à ma place. Et seulement là, capturer ma proie.

 

         C'est ça le combat. Mais comme l'autre est autant déterminé ke toi, tu subis autant ke tu donnes. Tu es la proie de celui ke tu chasses. Alors t'as pas le loisir de te demander si tu seras aussi beau à l'arrivée k'au départ, ni si tu auras encore toutes tes synapses accrochées à tes neurones. Tu acceptes l'idée de te consumer. C'est paske j'étais plus d'accord avec cette idée ke j'ai arrêté la compète. Le manque est terrible des fois : je crois pas ke vous imaginez combien le manque est physik... combien je le ressens dans ma chair. Comme si j'étais privé de caresses. 

  

Lorenzo : Je pensais que la boxe était la représentation de la violence gratuite, qu'il fallait juste monter sur un ring et donner des coups, sans aucun intérêt pour moi. C'était pour moi le paroxisme du machisme et de la "connerie" de l'homme qui s'exprime mieux avec ses poings qu'avec des mots.
Tu m'as fait découvrir que c'est loin d'être le cas, que les boxeurs sont des sportifs à part entière (et non des moindres), qu'il y a beaucoup plus de psychologie que je voulais le croire. Je n'irais pas encore dire comme certains que c'est un art mais j'éprouve à présent du respect pour ce sport.

 

            J'aime kan les extrêmes se rencontrent pour se connaître. Kan les riches découvrent la vraie misère et comprennent ce ke l'autre vit en face ; kan les hétéros rencontrent les homos ; les chrétiens, les musulmans ; les Palestiniens, les Israëliens ; les femmes, les hommes ; et mon frère, mon père. J'aime kan "Lorenzo" rencontre "Wajdi"... Je suis jamais tant heureux ke kan je fais découvrir à kelk'un ke celui d'en face est plus complexe ou plus intéressant k'il le pensait. Je suis un homme ki aime profondément la paix. Mais pas la paix dans la fusion toute molle. La paix dans la distinction, dans le respect et l'affirmation des différences. La fusion c'est les caresses. Le combat, c'est la distinction. Mais l'amour est le même.

 

            Hier, le père d'un copain de ma fille parlait à son fils comme s'il avait du miel dans la gorge. Vous diriez ke c'est de la tendresse, je n'y ai vu ke de la faiblesse, l'évitement de kelkechose dans le ton du père, l'évitement de la vraie vie. J'aurais pas aimé ke mon père me parle avec cette douceur.

 

 

Publié dans : Wajdi - Soft et malin
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