J'suis sportif, bi, bien dans mon corps et heureux de vivre. Mais j'ai des petits-vices et j'les raconte. Porte d'entrée
Il semblait n’avoir rien remarqué et continuait à me parler, d’une voix nouée par la nervosité. Emu comme moi, de se retrouver là, juste séparés par la table basse. L’air s’était réchauffé mais mon cœur s’est mis à battre à toute vitesse. Je sentais une présence inconnue et inquiétante, une intensité magnétique qui électrisait mon corps. Ce n’était pas ses yeux pleins de douceur sur mon corps familier. C’était le poids d’un regard qui détaille et dévore, la tension d’un corps à l’affût de tous mes gestes pour cacher sa présence. Un inquisiteur qui guette le mouvement de mes épaules pour caler sa respiration sur la mienne, se nourrit de l’énergie de mon corps tout proche, laisse ma voix résonner en lui pour reprendre des forces, entre chaque silence. Un prédateur qui, en se coulant à l’intérieur de moi, à mon insu, me fait déjà sienne.
Affolée, j’ai dit à M. : « Attends, tais-toi une seconde, laisse-moi me retrouver ». Un silence troublant s’est installé, juste interrompu par la fumée de cigarette exhalée entre ses lèvres. D’une main mal assurée, j’ai pris le verre et bu une gorgée lentement, comme la biche, prête à bondir, qui boit paisiblement pour relâcher l’attention du chasseur.L’alcool m’a brûlé la gorge. J’ai retenu mon souffle et tendu l’oreille. Mes yeux se sont lentement déplacés vers la porte, sans que ma tête bouge, attentifs à identifier dans la pénombre la raison de mon trouble. C’est alors que j’ai saisi ton souffle suspendu et t’ai entendu déglutir. Tu étais accroupi dans le coin du meuble, près de la porte, en diagonale à 2 mètres de moi. Le haut de ton corps était caché dans l’obscurité. Je ne voyais que tes mains aux articulations saillantes et tes cuisses moulées dans un jean sombre. Il ne pouvait pas te voir. A mes yeux fixes et mon souffle devenu court, tu as compris que je t’avais démasqué. Trouble du prédateur devenu proie. Eternité d’un instant où chacun jauge l’autre et tente de retrouver son appui. Tu t’es plaqué au mur, comme si tu voulais fuir.
J’ai senti de l’électricité me parcourir l’échine. Etait-il ton complice ? Tu étais trop jeune pour être un de ses amis. Et l’épisode du club libertin m’avait montré qu’il n’aimait pas me partager. Ta peur palpable me fit penser que tu étais un intrus. Voyeur ou dangereux ? En tout cas sacrément téméraire ou rendu inconscient par l’excitation.
Il fallait que je trouve un moyen de te faire bouger, que tu te dévoiles un peu plus pour que je sache si le jeu en valait la chandelle. Et si tu étais là malgré lui, et que je décidai que tu devais rester, je devais m’assurer que tu avais assez de maîtrise pour ne pas nous griller tous les 2.
Il commençait à s’impatienter de mon silence, tandis que les questions se pressaient dans ma tête. Je devais prendre une décision, et vite. C’est lui qui a décidé pour nous. Il m’a demandé d’enlever les vêtements qui lui cachaient mon corps. J’ai exigé plus d’obscurité. Comme je l’espérais, tu as profité qu’il tourne le dos pour te rapprocher de moi. En un bond souple, tu t’es caché derrière le fauteuil, presque à mes pieds. J’ai contrôlé ma frayeur et cherché ton regard. Tu semblais avoir aussi peur que moi. Tes yeux noirs se sont accrochés aux miens et j’y ai lu comme une supplique. Quand tes lèvres pleines ont esquissé un sourire, comme pour me rassurer, j’ai eu l’impression de te reconnaître. Je t’ai trouvé beau et fragile, comme submergé par une émotion incontrôlée, à genoux devant moi, . Est-ce ton sourire un peu triste ou le fait de te dominer qui m’a rassurée ?
Je n’ai pas eu envie de décevoir tes yeux brillants de gourmandise.
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