Samedi 3 février 6 03 /02 /Fév 11:30

Pour illustrer c'ke je raconte dans Mes reufs et moi, l'amour, la haine, la force...

 

 

       16 m² à quatre. Ca veut dire proximité constante dans la piaule.

       Tu peux déployer tous les efforts ke tu veux pour t'isoler, tu dois te faire une raison : t'es coller à l'autre.

 

 

        Tu le vois sans le vouloir. Si tu te caches à droite, t'es vu à gauche. Tu vis sous des regards ke tu finis par oublier. Tu vois l'intimité de tes freres avec la même indifférence ke la tienne. Une attitude que tu ne retrouves jamais ailleurs, et qui me donne tant de difficulté à me distinguer d'eux encore aujourd'hui. Comme si on etait le meme individu à plusieurs.

 

         Au fond de toi, tu sais ke cette proximité est synonyme d'un mot ke tu rejettes : Pauvreté. Chaque soir, en entrant dans ta chambre, ce mot s'ancre en toi sans ke t'en aies conscience, insidieusement. Et chaque lendemain, tu le traînes à l'interieur. Tu te débats avec. Tu t'épuises à faire le fier. Désespérément. Mais le mal est à l'intérieur.

 

         Kan tu postules pour un taff, kan tu te présentes devant un prof, kan un keuf te pose une question, tu as ce mot qui creuse dans ton ventre, qui fait foirer toutes tes reponses. Tu rentres chez toi plus sale encore ke t'en es sorti. Et tu te réfugies dans la chaleur de ceux ki partagent ton sort, dont pourtant tu voudrais tant te séparer.

 

        Alors, ya une façon, saine mais tragique, de dire à l'autre : tu n'es pas moi !!! C'est le harponnage, la baston. Ca fait un peu mal mais tu te sens bien après. T'as rejeté l'autre à l'exterieur de toi. Tu t'es redistingué ; ta peau redevient la limite de ton corps.

 

        Puis tu te laisses à nouveau envahir, par desir ou par confusion. Tu retapes.

 

       Tu bloques, tu coinces, tu fais admettre, tu t'imposes. Pour sauver ta gueule et ton territoire.

 

 

 

        A l'age où tu te rends compte ke t'es plus un gosse, t'as besoin de regarder comment t'es fait. Tu te sens changer alors tu veux comprendre et admirer ton corps d'homme en devenir. Mais tes frères sont là et regardent avec toi. En silence, respectueux, ou en commentaires stimulants. A toi te pas te laisser insulter. Mais ils te regardent changer, k'ils aient de l'avance ou k'ils te suivent. Ca leur rappelle leurs questions, ça les prépare à ce ki les attend. Ils te scrutent. Parfois t'en surprend un dans la nuit, curieux, ki s'est bizarrement approché de toi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       Il ya tous les moments où t'es trop heureux d'être à plusieurs. Kan ça te donne une force. Cette solidarité aussi tu l'emmenes avec toi. Elle donne confiance face aux autres. Mais elle empeche de les rencontrer vraiment, comme une amarre ki te retient au quai.

 

       Ces moments-là sont chauds. Tendres. Francs.

     

 

          Parfois plus humides. Complices.

 

 

         Parfois plus ambigüs. Limites.

 

 

 

         Et t'es tout seul pour savoir jusqu'où tu peux aller. Tous seuls. Tout seul...

 

 

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Publié dans : Clin d'oeil - XX
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