Mardi 16 janvier 2 16 /01 /Jan 03:14

 

       Wallah, comme j'aimerais dire tout ce ke je ressens et faire passer par des mots l'intensité de ma douleur. J'ai comme un poignard dans mon coeur.

       Oui je m'aime beaucoup et pas seulement physiquement. J'aime l'éthique ke je me suis donné et la fidélité que je lui voue. Mes principes ne sont pas bâtis, sans les comprendre, sur ma religion. Je les ai construit un à un à la force de mes poings.

       Le sport ke je fais m'a fait voyager sur trois continents. Jamais j'aurais eu cette chance sans la boxe. Ces voyages m'ont ouverts les yeux. Ils m'ont permis de relativiser les choses. De comprendre que l'Islam n'est pas la seule religion au monde et que rien ne lui confère un statut supérieur aux autres. Voir qu'on pouvait, en Thaïlande, sourire cent fois plus qu'en France où on fait la gueule en permanence alors kon est bourré aux as.

       Cette note est une réponse aux commentaires de l'article : le plus fort n'est pas celui kon pense. Mais elle concerne tout le monde puisqu'elle parle de la domination des puissants sur les pauvres.

 

       Dans mon cas le puissant c'était l'autre. Le Gawli. Le From. Le Français de souche et en particulier mes profs, les keufs, les fonctionnaires ki te font mariner simplement pask'ils peuvent le faire, le douanier ki te doigte pask'il te trouve mignon ou ke ça l'amuse de t'humilier.

       Bien sûr, ils sont gentils ces Français de souche... Ils sont là pour t'aider, pour t'élever, pour t'éduquer, pour faire de toi un bon Français comme eux. Ils y mettent beaucoup de coeur et de conviction. Mais au fond, t'as aucune chance. Ils ont le même ton ke toi, Dan, dans ton commentaire et leur message est le même : "Oublie ki tu es, et tu seras mieux. Tu seras comme nous".

 

Extrai du commentaire qui m'a énervé :

Dan Omega : "(...)la manière de le dire est très malsaine. J'y vois là le retour au règne animal. N'es tu pas d'abord un homme comme tout le monde ? C'est à dire plus intelligent que l'animal et qui règle ses problèmes non pas a coup de poing mais avec sa tête. Où se trouve ta supériorité ? (...) Je suis plus que surpris que tu fasses étalage de ta supériorité physique. T'es pourtant loin d'être un imbécile ! Alors c'est quoi ce délire ?"

"Maintenant j'attends le commentaire de Wajdi. Il faut qu'il sache que ce que j'ai dit n'est pas une agression contre lui mais une observation d'un "ami" qui ne lui souhaite aucun mal.

 

        Je suis replongé dans mon passé. C'est mon prof du CM2 ki me fait la morale paske j'ai encore bastonné un élève. Je suis "bougnoule", mais j'ai un beau sourire. Alors il pense qu"on fera quelque chose de [moi], pas comme [mon] frère qui finira en prison", le pauvre, seulement pask'il sourit moins.

        Il a des raisons de moins sourire mon reuf puisk'à l'époque, il passe six fois plus de temps ke nous enfermé à la cave. Sans raisons compréhensibles. Chaque séjour à la cave etant précédé d'une dérouillée. Mais on est des durs dans la famille, Dan, tu comprends pourkoi ? Le prof du CM2, lui, l'a jamais compris. Faut dire aussi qu'on lui a pas expliqué. On se taisait.

       

        Il ya un seul truc que je ne peux pas te laissé dire, Dan. C'est kan tu affirmes : "tu n'aimes presque personne".

        Demande à mon reuf si je l'aime ou pas. La fois où je l'ai porté sur 600 mètres, dans mes bras comme un bébé. Je croyais kil allait mourir d'une overdose. L'air était glacé ; j'avais l'impression ke mes larmes gelaient sur mon visage. Des potes d'un autre de mes frères étaient venus sonner pour nous dire : "ton frère s'est effondré dans le local poubelle du bloc C, si vous nettoyez pas on le bazarde dans le container". C'était avant l'invention du karcher en banlieue. Mais c'etait le même genre de fachos, version rebeu. Hamdoullah, c'est moi ki a ouvert ce soir là et pas mon frère aîné ou mon père.

        Demande lui si je l'aimais ou pas, kan la semaine suivante, je l'ai sequestré dans la chambre pour le sevrer, alors ke mon père voulait le jeter dehors comme il avait déjà fait. Je campais dans l'embrasure de la porte pour l'empecher de sortir. Et pour empecher mon pere de rentrer. J'avais 20 ans. J'l'attachais la nuit pour pouvoir dormir. Sevrage à la dur, Dan. T'as déjà vu les yeux d'un tox a l'hero, en manque, kan il te supplie de le laisser sortir ? Si j'avais été tendre ce jour là, Dan, il serait mort aujourd'hui au lieu d'être ki il est. J'avais un combat important la semaine suivante ; ma soeur, avec la complicité discrète de ma mère, m'apportait à manger dans mon embrasure de porte. J'avais qu'un sac de frappe pour m'entrainer.

        Demande à ma soeur si je l'aime ou pas, kan je la couvrais pour kelle puisse aller voir son mek. Mort de rire, kan mon père l'a su. Il m'a frappé avec sa babouche. Il était tellement déçu ke je puisse le trahir... J'avais 21 ans, mais il me frappait comme un gosse. Je me revois encore par terre à côté du canapé, comme si je faisais ma prière, à moitié mort de rire. Il avait tellement de peine... Je me suis laissé frapper comme avant. Ca me faisait rien du tout.

        Demande à mon autre reuf que j'héberge depuis plus d'un an, si je l'aime ou pas. Combien je le soutiens.

        Demande à ma fille qui m'émerveille si je l'aime ou pas. Elle m'halicine, à trois ans, elle maîtrise le subjonctif. Il m'a fallu 20 ans pour l'utiliser. Après avoir quitté l'école. La différence entre elle et moi, c'est la qualité de langue qu'elle entend parler à la maison. Les autres élèves apprennaient sans efforts. Moi je ramais. J'bossais dur mais j'retenais pas grand chose. Chez moi on parlait mal. Yavait pas un livre, même pas le Coran. Kel courage il m'a fallu pour pas decrocher complet. J'm'accrochais pour faire plaisir à mes parents ; j'avais du mal, j'en chialais ; et c'est pas l'école ki m'a soutenu. J'ai l'impression de m'être fait contre elle plutôt qu'avec elle.

        Demande à mon père si je l'aime ou pas. Lui ke les trois quart de ma famille méprise. Mais ki m'a tellement apporté, tellement tenu en me cadrant à la dur. Mon premier salaire mensuel, si j'ajoute les primes de match, était supérieur au sien après 30 ans de travail. Physiquement il est détruit. Il finira sûrement aveugle. Kan j'lui ai dit combien je gagnais, il a fait un long oui silencieux avec sa tête. Je crois k'il était fier. Ca compte tellement pour lui.

        Demande aux jeunes que j'entraine si je les aime ou pas. Demande à mon pote qui arrive pas à se caser si je l'aime ou pas. Demande lui si j'étais présent ou absent les jours ki ont suivi la mort de son frère sous les balles d'un jeune keuf. Une bavure restée célèbre quelques jours. Le flic a fait trois mois de prison. Mais moi chaque fois kan je passe sur le parking où il a été buté, j'ai encore des larmes dans ma gorge.

        Demande à ma meuf ke des fois je "nike" et à qui des fois je "fais l'amour", Dan, si je l'aime ou pas. Elle en tout cas, elle aime autant l'un que l'autre. Elle doit tripper sur ma "contradiction".

        Enfin, Dan, demande à mes potes de mon ancien quartier si je les aime ou pas. Ils te diront : "Nardin a mouk ! Wajdi c'est un traitre, ils nous a lâché !". Eh ouais, j'avais pas envie d'être fidèle à leur désespoir. Mais le tragique k'ils vivent me parle plus ke me parlera jamais le tien. Parce qu'ils sont comme moi au fond : des Rabzas qui apprennent à vivre dans un pays ki est le leur sans être celui de leurs parents, et ke j'aurais pu rester comme eux. Et j'te promets, Dan, qu'au fond de moi, j'les aime de tout mon coeur.

 

        C'est par fidélité à ces potes là que je garde ce qui te dérange en moi. La capacité à être dur, tranché, intransigeant. Et par fidélité à ma vie ke je n'ai pas l'intention de piétiner, pour adopter tes valeurs. Je suis Français et je n'attends pas d'un autre qu'il me dise comment c'est d'être Français. Je l'invente à ma manière, dans le respect de moi-même et de ce que je crois juste. J'ai été très fier de représenter ce pays dans un sport de combat. Mais je suis aussi Maghrébin et musulman. Voila peut-être la première "contradiction" ki me caractérise... Je l'assume comme j'assume toutes les autres :

        Oui, Dan, comme tu l'analyses très bien, je suis bi et homophobe. Je suis tendre et dur - je ne connais pas de vrai dur ki ne soit pas tendre au très profond de lui-même. Je hais les keufs et je reconnais l'importance de leur fonction. Je suis un homme et comme tout homme je crois, j'ai une part d'animal en moi, d'instincts et de pulsions. Je les laisse vivre à l'intérieur de moi-même. Ma violence je l'ai acquise bien avant ma tempérance et je ne la renie pas.

        Ces contradictions, ce sont des ponts entre les uns et les autres. Elles me permettent de comprendre toutes les parties du monde : les hétéros et les homos, les Rabzas et les Français, les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres, les intellos et les sportifs, les gentils et les méchants. Je suis entre tout le monde et je m'y sens à ma place, profondément bien, complet. Je conçois que ça dérange, mais je n'ai pas l'intention d'en bouger. 

        Voila l'histoire d'un rebeu contradictoire ke beaucoup de gens ont voulu "sauver" parsk'il avait un beau sourire... Mais on me prend en entier ou on ne me prend pas. C'est le sourire et le rebeu, ou rien du tout. Je ne me partage pas. 

 

 

 

         Voila ma réponse Dan, Yohan et les autres. Merci à D. de m'avoir soutenu dès le départ, de cette façon si intrigante.

          Ne croyais pas ke c'était simple pour moi d'écrire ce texte. J'y dis des choses que Yohan savait même pas. J'y ai passé la soirée et les trois quart de la nuit. J'ai utilisé un dictionnaire (pour embrasure). Mais j'ai compris des choses, moi aussi, en l'écrivant...

       

 

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Publié dans : Wajdi - Soft et malin
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