wajdi - le guerrier déchainé

 
 
 

 
         J'ai trahis des potes ke j'kiffe beaucoup. C'est dur ça, kan comme moi, on cherche à être irréprochable. J'ai une éthik, des valeurs fortes, je le cris bien fort, et j'me suis assis dessus, et bien comme il faut en plus.
 
 
      Avec un groupe de srabs, on avait un secret, style secret d'ado. K'on s'était juré de ne pas dire, solennellement. Ca devait nous lier par une loyauté extrême. Ce secret, je l'ai trahi ya longtemps. C'était déjà crade d'ouvrir cette brêche dans le cercle, mais ce n'est pas encore le pire. En plus de ça, je leur ai caché ma faute du départ. J'ai couvert ma trahison par du mensonge. Puis par d'otres mensonges encore. J'ai trahis profondément leur confiance, puis j'ai caché cette trahison, par lâcheté. Voila le tableau.


      Depuis deux jours, je vais les voir un par un. Je me présente devant eux et je leur dis tout, sans plus rien leur cacher du chaber ke j'ai été capable d'être.
 
 
      Je tremble à l'intérieur en leur avouant. Je me sens fragile. Mais je les regarde en face. Je m'efforce de rester droit. D'accepter ke j'ai pu etre l'auteur de cette traitrise. De me l'avouer à moi-même finalement, plutôt ke de fuir mes actes. J'essaye d'être avec eux ce ke je leur faisais croire être : franc et entier.
 
 
      Leur réaction, c'est beaucoup de ressentiments. De déception et de colère légitime, d'incompréhension. Et je me reprends en pleine face, tout l'obscur ke je leur ai dissimulé. Je plie sous le poids de moi-même. Ecrasé par la hauteur du modèle ke j'espérais égaler. Comme un âne assoiffé au pied de la mosquée bleue.
 
 
       En même temps, j'ai pas envie de me lyncher. J'expérimente le fait de décevoir. J'ai su le faire quelques rares fois dans ma vie. Toujours des moments ki m'ont libéré. Décevoir mes parents d'abord et m'affranchir de leur emprise nocive, autant k'aimante. Décevoir ma famille. Décevoir mon premier entraineur ki avait tant d'espoir en moi et ki voulait me conduire aussi haut ke là où il n'avait pas pu aller. Et voila ke je déçois mes srabs ke j'aime, pour leur dire : arrêtez un peu de m'admirer, moi ki ne suis, comme tout le monde, qu'ordinaire.
 
 
       Je crois ke je les libère autant ke je me libère. Ils vont pouvoir se réapproprier les qualités k'ils projetaient en moi.
 
 
       Déjà, je sens k'ils me pardonnent, chacun à leur rythme ; il se pourrait même ke je continue de les voir kan ils auront avalé le morceau. Ke je n'en perde aucun dans la bataille. J'aurais pas parié sur ça au départ. Je savais ke je prenais le risque de les perdre tous. Ca aurait aussi été une leçon.
 
 
       Trois d'entre eux se verront ce soir. Ces batards vont surement décider qu'elle genre de tasse il me feront boire. Pour laver l'affront et le dépasser. Reconstruire une amitié modeste, fondée sur notre histoire commune. Passer du furieux de l'adolescence à la sagesse des adultes. Aimer l'autre pour ce qu'il est et non pour l'image qu'on s'en fait. Apprendre à se laisser aimer en retour, sans décourager l'autre, ni le fuir.
 

 
 



    
Ven 15 fév 2008 21 commentaires
J'me reconnais en toi quand tu dis que tu voulais être "irréprochable"....Comment tu fais pour aborder les choses avec autant de recul?  


J'te lis...et j'ai un sentiment de pleinitude. Comme si j'me retrouvais....pourtant c'est de toi dont tu parles.
Superebeu - le 15/02/2008 à 16h35
On n'est pas les deux seuls au monde à avoir été regardés, non pas comme on est, mais comme d'otres attendent qu'on soit. Accroche-toi frangin. Ca secoue.
WajDi

C'est dôle d'imaginer que t'as été capable de faire un truc pareil et de t'y enfermer avec des potes à toi. C'est vrai que ce que tu dis de ton éthique, les valeurs que t'exprimes, on ne peut pas imaginer, à te lire, qu'elles n'existent que comme un drapeau dans lequel tu te drapes, parce qu'en les exprimant tu ne fais pas que te grandir toi, mais tu les promeuts pour de vrai, tu les fais donc avancer, et sauf à n'être qu'un affreux politiquard de la plus mauvaise sauce, c'est donc que tu y crois (tu veux prendre la présidence d'un club de boxe ?)
Ce que tu as transgressé, c'est quelque chose qui était important pour toi. Ce par quoi tu aimerais fondamentalement te définir. C'est ça qui est profondément troublant. Sais-tu te l'expliquer ? Tu avances une piste : éprouver ta faculté de décevoir, est-ce la seule ? le premier jour du tout premier mensonge, la fois où tu y es rentré, dans cet engrenage dangereux avec eux, y'avait quoi à cacher ? Ou tu as eu peur de quoi ? Un rejet ? Peut-être que tu te juges mal et que tu voulais y échapper ? ou bien c'était pas encore des srabs aussi importants et ça prêtait pas à conséquence ? Ou t'avais juste envie de jouer perso pour te voir important au milieu du groupe, seul détenteur d'un secret plus grand encore que celui que vous partagiez ?
Moi j'ai ressenti quelque chose d'un peu similaire à l'époque où je vivais avec des meufs alors que je me savais homosexuel. Je m'enfermais dans le mensonge, je me vivais usurpateur, même si les mecs je les touchais pas encore ; et les années avançant, le mensonge s'éternisant, en sortir devenait de plus en plus inconcevable, et l'enfermement se resserrait. Il fut même un temps où je ne pensais qu'à la mort comme solution. Et puis le temps de l'aveu est venu, et aucun des scénarios pressentis n'a eu lieu, c'est au contraire une grande bulle d'amour qui s'est construite autour de moi. L'aveu, paradoxalement, est vu d'abord comme une marque de courage. Je te souhaite que ça se passe avec chacun de tes amis. En même temps, moi je ne brisais pas l'image d'un héros, je passais de mec ordinaire à mec ordinaire, avec une petite dose de courage en plus. zarxas a raison de dire que tu dois être particulièremment attentif si, parmi les potes que tu vas voir pour reconnaitre ta faute, tu brises une image trop grande pour eux.
Ce que tu dis du cercle vicieux du mensonge où tu étais tenu est un phénomène que je crains, parce que tu sais jamais où se fait la bascule de sortie, et tu te dis qu'il y a des gens qui n'en sortent jamais. Ca me perturbe, parfois, ces logiques mentales. Je crois ressentir assez profondément ce qu'est cette spirale de l'enfermement pour être très respectueux des chemins par lesquels on en sort, et de ceux qui arrivent à se les trouver ou à se les ouvrir..
je me retrouve assez au fond avec ce que dit Jean, là : Moi, je serai fier d'avoir un ami pour qui je suis si important qu'il vienne me dire en toute transparence, en grande sincérité : "Tu as pensé que j'étais un héros et j'en suis pas un. Je t'ai fait un truc moche, je le regrette, je ne voudrais pas que sa brise notre amitié parce que tu es si important pour moi."


En tout cas, faire de ce mensonge votre histoire commune pour construire l'amitié modeste à laquelle t'aspires, c'est un sacré challenge, pour chacun des protagonistes.


-> zarxas -> c'est beau ce que tu dis sur l'amitié, les rapports d'équité, et l'impossible amour avec les héros. Et en même temps, tu aimes quelqu'un de simple et d'attachant, de parfois désagréable et immature, insaisissable et intrigant. Il t'intéresse justement parce qu'il sait aussi ne pas toujours simplement bomber le torse. Tu réalises que t'en a fait une idole qu'au moment où il dit sa vérité.


J'aime bien la nouvelle génération d'intellos débarquée ici, moi.


 


 

Oh!91 - le 16/02/2008 à 11h21
LE PETIT JOUEUR DE FLÛTEAU

Tu es en train de vivre un très beau moment, Wajdi. Et je me fous pas de ta gueule : tu le sais toi aussi. Tu tŽes fait éclater la tronche en competŽ, mais ces combats te manquent déjà. Là, cŽest pareil.
Tu as peut-être déjà remarqué que je nŽai nullement lŽintention de te consoler, de te priver de cette belle épreuve. Au contraire, je tŽencourage à prendre mesure de la grandeur de ce moment, afin que tu nŽen perdes pas une miette.
Alors, vis-le à fond, conscient du merveilleux privilège qui tŽest accordé, que toutes les sensations restent bien gravées dans ton cœur et même dans ton corps. Gardes-les comme un trésor que tu rouvriras de temps en temps, et qui te prouvera que tu as vraiment vécu.

Je garde un souvenir empli de fierté et de reconnaissance envers ces moments qui parsemèrent ma vie, disons entre 12 et 30 ans, et ont forgé dans les braises et la sueur lŽadulte que je suis.
AujourdŽhui, mes coups de blues sont moins violents et nŽont plus cette vertu formatrice. Moins préoccupé par qui je suis et ce que sera une vie déjà bien entamée, et de plus en plus par ce qui viendra après. Normal.

Dans un vieil article, tu nous écrivais le texte dŽune chanson de Brassens que tŽavait passé Yohan : Le petit joueur de flûteau. Je suis dŽaccord avec lui pour tŽen recommander toute son œuvre, il te parle particulièrement, et pourra beaucoup tŽaider, te parler comme un grand-père qui tŽaime et est passé par toutes tes galères et bien pire. Cette chanson doit résonner en toi de façon particulière ces jours-ci.
Ça mŽavait fait tilt de lire ça chez toi : tout gamin, Brassens encore vivant, ma reum (que Dios tenga en su santa guarda) mŽavait offert ce disque. Cette chanson mŽa accompagné tout au long de ma vie, comme un modèle, un avertissement. JŽai encore ce vinyle 33T, au titre de : Les copains dŽabord…

zarxas - le 17/02/2008 à 15h57
torai jms du leur avoir, pcq eu ossi ils on du te faire d trucs de batard kils te diron jms et m1tenan ils von pouvoir te l\\\'remettre ds la gueul a chak foi !!!
nikola - le 15/02/2008 à 20h45
T'es peut-etre pas le plus sage, Niko, mais t'es peut etre bien le plus lucide. J'pense ke les risques ke ca s'passe comme tu le dis, c'est du 50/50. J'leur fait confiance individuellement, mais tu sais comment ca s'passe un groupe. Il vont peut etre saisir l'occase pour se grandir sur mon dos, c clair. Mais j'ai kan meme preferé faire le pari inverse.

L'avantage c'est ke maintenant, j'suis sur de pouvoir me regarder dans la glace. Et c'est ca ki compte pour moi. J'ai pas envie de me battre contre eux si ils decident de m'enfoncer à plusieurs. J'leur dirai une fois : "ok, j'ai était clean au final avec vous, si vous le comprennez pas, ca me rend triste", peut etre deux fois. J'leur dirai aussi ke j'suis déçu, paske j'avais besoin de leur soutien, et ke j'ai le sentiment de pas l'avoir eu. J'leur en voudrai pas si ca s'passe mal. J'me dirai ke j'ai trop attendu d'eux. Et ca finira de m'éloigner de mon quartier et de mes potes d'avant.

Mais surtout, si j'ai fait le bon pari, j'suis content, pask'on grandira ensemble. Et pour ça, même si y'avait eu k'une chance sur cent de le vivre, j'aurais pris le risque.
WajDi

Irréprochable ? Qui peut prétendre sérieusement l’être ?

 



En affrontant ta réalité, tu es entré dans la réalité vraie… Combien auraient osé entreprendre cette démarche, combien auraient préféré s’enfermer dans un trou à rat, en faisant le dos rond ? Combien même auraient choisi de fuir dans quelque oubliette plutôt que d’affronter les regards sentencieux ?

 



Je ne serai pas avec tes potes srabs ce soir. J’aurais bien aimé. Le vieux aurait essayé de garder son air débonnaire de Papy pour leur dire quelque chose comme : « Bien sûr, je sais que vous êtes restés droits dans vos bottes, vous, les gardiens du Temple. Le soufflet n’en a été que plus douloureux. Mais vouloir faire avaler une tasse de plus à celui qui vient de boire un gros bouillon… Jusqu’à plus soif… Mmmm ? Vous auriez pas plutôt un petit verre de Tequila bien frappé ? Ou tiens, chauvin jusqu’au bout… Un petit Armagnac hors d’âge… Hein ?... »

 



Ouais, je sais, discours pas très keum des cités… Mais le langage de l’amitié est universel, non ? Suffit parfois de lire entre les lignes…
Boby - le 15/02/2008 à 13h54

J\\\'ai eu du mal à lire tes derniers articles et je suis pas sur d\\\'avoir tout compris soit pcq je te connais pas assez ou pcq je suis un peu con...


 


En tout cas je voulais te dire ke c\\\'étai très courrageux de ta part d\\\'avouer tes erreurs. Je sais ke c lourd à porter parfois et ke ça fé encor plus mal parfois de l\\\'avouer. C\\\'est une décision difficile à prendre. J\\\'espère ke ça te permettra de te sentir mieux et ke ça te permettra d\\\'avancer.


 


Comme dit Boby personne n\\\'est irréprochable ! Tout le monde a des moments de faiblesse. Le plus important est de savoir se relever et continuer à avancer... mais ça prends parfois bcp de tps fo etre courageux et du courage je suis sur ke t\\\'en as !


Bonne continuation et prend bien soins de toi !


Bizzz

le sauvage - le 15/02/2008 à 14h56
Merci, j'vais écouter ton conseil et prendre soin de moi plutot ke me détruire.
WajDi
Tu avais fait quelque chose qui te pesait encore aujourd\\\'hui. Quelque chose dont tu n\\\'étais pas fier.

Tu fais maintenant quelque chose dont tu es fier : tu dis qui tu es vraiment.
C\\\'est peut-être difficile, c\\\'est peut-être risqué, mais je ne connais pas d\\\'autres chemins.

Moi, je serai fier d\\\'avoir un ami pour qui je suis si important qu\\\'il vienne me dire en toute transparence, en grande sincérité : "Tu as pensé que j\\\'étais un héros et j\\\'en suis pas un. Je t\\\'ai fait un truc moche, je le regrette, je ne voudrais pas que sa brise notre amitié parce que tu es si important pour moi."

J\\\'espère que tes amis s\\\'en rendront compte.
Jean - le 15/02/2008 à 15h36
Je te souhaite d'avoir de tels amis, si c'est pas le cas, je pense ke tu t'en feras ici. Merci d'etre là et merci pour ce comm.
WajDi
Veillée dŽarmes pour Wajdi… Ou veillée du prisonnier attendant le verdict du jury ? Non, toi tu viens de te libérer, Wajdi, eux par contre sont encore prisonniers, et cŽest justement ça le problème.

Je dois avoir une dizaine dŽannées de plus que toi. Et apparemment quelques traits de caractère en commun. Un contexte social différent, mais la même histoire de lutte pour la liberté face à lŽimage de succès et de perfection que les autres veulent nous coller, un rôle de leader dans notre entourage quŽon traîne parfois comme un boulet, et un orgueil personnel rassurant mais très limitant.
JŽespère que ces réflexions dŽun aîné pourront tŽaider à trouver ton propre chemin.

Il est logique que Superebeu se retrouve en toi. Vous avez aussi des traits en commun avec une différence dŽâge. Je te reproduis un extrait de mon message dŽadieu à son blog, qui va dans le sens de ton évolution :
« Un robot, ça a lŽair bien clean. Mais ça a un cœur et une bite métalliques et froids, morts. Rien nŽest plus sexy et attachant quŽun être humain. Et lŽêtre humain, lui, il crie, dort, pleure, rie. Il se goure, il ment parfois, il se plante la gueule, il demande pardon, il tŽemmerde, il triche un peu, il se bat, il a peur, il fuit, il sŽen fout, il se paume. Il dit je tŽaime. Il est vivant. Et cŽest pour ça quŽon lŽaime. »

Tu es en train de reconnaître, accepter, pardonner et aimer cette humanité en toi. CŽest bien. Tes amis vont devoir faire de même : en ont-ils la maturité nécessaire ?
Tu dis : « je les libère autant ke je me libère » CŽest vrai. Mais ils ne sont peut-être pas tous prêts à cela, et cŽest ce qui déterminera leur réponse.

Car le problème principal ne semble pas résider dans lŽerreur reconnue et les conséquences quŽelle a pu avoir en son moment. Le temps a dû passer depuis, et en effet, eux-mêmes ont bien dû faire bien pire dans leur vie.
Mais tu viens de faire plus grave : tu as brisé leur idole.

Ceux qui sont les plus mûrs sauront reconnaître, voire applaudir ton courage et tŽaimeront de façon plus profonde quŽavant. Ceux qui sont fragiles, moins sûrs dŽeux-mêmes auront plus de difficulté à admettre la chute de ce demi-dieu, et tŽen voudront pour cela. Du moins dans un premier temps.
Tu les obliges violemment à devenir adultes. « Ils vont pouvoir se réappropier les qualités kŽils projetaient en moi ». Mais ils ont peut-être peur de les assumer : cŽétait bien pratique de te les déléguer, de sŽen débarrasser sur toi. Comme un enfant qui refuse de grandir sur son modèle paternel, sa figure protectrice. Son héros. Son Supermachin.

Chaque homme est un résumé de lŽhumanité. Rappelle-toi de la réaction des idolâtres face au discours du Messager. Leur besoin de croire en des entités intermédiaires. Leurs cris de rage lors de la destruction des idoles. Leur résistance à accepter le chemin vers leur propre libération.

Quoi quŽil en soit, ne doutes pas que le temps met bien des choses à leur place. Certains de tes amis en auront plus besoin que dŽautres.
QuŽils décident de te faire boire la tasse ? Ils en ont peut-être besoin, et toi aussi, comme dŽun rituel pour tuer le passé, et entrer tous ensemble dans cette ère nouvelle de votre future vie commune dŽadultes.

LŽamitié qui se construira sur cette base ne sera pas forcément modeste dans le sens dŽinférieure. Elle sera simplement plus humaine, comme toi et eux, et donc plus véridique.
Il nŽy a pas dŽamitié possible entre un héros et ses admirateurs.

La fraternité ne peut se construire que sur lŽégalité.

zarxas - le 16/02/2008 à 02h23
Si je pouvais leur dire de lire ce blog, je leur dirais de lire ton com.
WajDi

Peut-être que tes potes feront un genre de conseil ou ils diront solennellement "on lui pardonne". Peut-être que dans le tas, y'en aura qui feront un peu de résistance, histoire de tester ta sincérité, et d'autres qui pardonneront d'office, sans se rendre compte du chemin qui reste à faire. Perso, depuis quelques année, j'ai compris que "l'autre, c'est moi", donc je crois pas qu'il y aie qui que ce soit sur cette terre pour se poser en juge de l'autre. En tout cas, que tu les garde ou que tu les perdes, tu en sortiras meilleur, et ceux qui resteront aussi. Là, tu te sens fragilisé, mais tu verras, bientôt, tu seras fort comme jamais. Et cette victoire face à toi-même, humble et solitaire, sans public pour l'applaudir, elle vaut bien plus que toutes les autres que t'as gagnées, quand tu cristallisais leurs fantasmes, là-haut, sur ton ring.




J'ai envie de répondre aux coms des uns et des autres. Ca va être long, je vous préviens. Moi aussi, je reviens en force, boostée par la même émotion que la première fois ou j'ai lu ce blog.




Nikola, ton com' me fait sourire, d'un sourire triste. Ca me rappelle des mots de WajDi, ceux-là même qui m'avaient mise KO : "Relève-toi seul, mon fils, sinon c'est que t'es pas digne de vivre".




Moi, non seulement on m'a dit la même chose, mais en plus on me mettait des coups pour réveiller la rage que j'avais pas en moi. Jusqu'au jour ou je suis devenue la guerrière qu'ils voulaient et qu'ils ont essayé d'étreindre une armure. Heureusement, j'ai eu assez d'amour par ailleurs pour apprendre à déposer mon armure, parfois. La première fois, c'était il y a peu. J'avais commis une faute, moi aussi. J'avais trahi personne, à part moi-même, et c'était le pire. Je croyais ne plus être moi-même, et pourtant j'avais jamais été aussi authentiquement humaine. Pendant 1 an, j'ai plus donné signe de vie à mes amis. J'attendais de redevenir celle que j'étais pour me présenter devant eux. J'ai traversé mon désert toute seule, et crois-moi, même avec le soleil qui cognait, j'ai eu froid comme jamais dans ma vie. Et quand je leur ai dit ce qui m'était arrivé, au lieu de me rejeter, ils m'ont prise dans leurs bras. Y'en a un qui a même pleuré devant moi. C'était mon héros. En fait, il pleurait parce que lui aussi avait traversé un désert, et on était pas là l'un pour l'autre. Je me suis rendu compte que je les aimais pas vraiment, avant. Et que plus rien ne pourrait nous séparer.




Je pense pas que WajDi, avec l'intuition et l'intelligence qu'on lui connaît, aie pu se tromper à ce point en choisissant ses potes. J'aime croire qu'ils comprendront que son geste est, au fond, une ultime preuve d'amour. En tout cas,moi, dans n'importe quel combat, j'ai jamais frappé un homme à terre. Au moment ou j'ai le choix entre lui en mettre un dernier coup ou lui tendre la main, je plonge mon regard dans le sien et je fouille sa sincérité, histoire d'être sûre qu'au moment ou je saisirai sa main, il en profitera pas pour m'envoyer au tapis. A partir de là, sa main je la prend et je la lâche plus, jusqu'à ce qu'il soit bien debout sur ses jambes. Parce qu'au final, l'important, c'est pas de savoir qui a gagné ou perdu, mais c'est tout ce qu'on a partagé pendant ces minutes ou on était l'un contre l'autre.




Zarxas, tu es la raison pour laquelle j'ai rien dit jusqu'ici. Ta réponse, si sage et juste, m'a laissée bouche bée. Mais je pouvais pas passer sans dire à WajDi que le coup de foudre mutuel qui nous a frappés, l'été dernier, s'il annonçait un orage qui ferait tout péter, a fait place à un cile clair et apaisé. Le printemps approche, la nature renaît.

Fiso - le 17/02/2008 à 23h53
LE MAUDIT


Je sais, cŽest con un texte de chanson dans un post. Alors Wajdi, tu te démerdes de la décharger comme tu veux. Ça en vaut la peine. Le texte est si bien mis en valeur, multiplié par lŽorchestration, blues et symphonique, lancinante et sensuelle, grandiose et inquiétante. Sa froide beauté remue le couteau dans la plaie.

Je lŽai souvent écoutée dans ces moments de solitude où je devais rencontrer cet aspect de moi-même que je connais seul. DŽabord pour mŽaffronter avec lui, puis, de plus en plus, discuter et négocier.

Véronique Sanson nŽest pas bien sûr Georges Brassens et ne mŽapparaît pas comme une référence. Sa carrière ultérieure mŽintéresse moins, mais ses premiers trucs des 70s sont déchirants. Elle écrivait son blog sur le clavier de son piano. Et jŽai toujours apprécié lŽattitude de cette artiste et auteur de son œuvre. Elle aurait pu profiter de son physique pour être la petite conne pop blondasse de service, comme en connaît la chanson française. Elle choisit de décevoir ces attentes et se montrer telle quŽelle est, de chanter ses tripes : ses déprimes, sa coke, sa crise dŽabstinence pendant sa grossesse aux parfums dŽinceste… Et encore aujourdŽhui, reconnaître la persistance de son alcoolisme.

Le maudit, cŽest elle, et cŽest moi. Alors écoute, pauvre Wajdi, parce que cŽest toi aussi :

Quelque part dans la ville, tu marches
Sans savoir réellement où tu vas
Tu repenses à ta vie, déjà
Tu comptes combien de gens tu as déjà trahi
Combien de gens à qui tu as déjà menti
Combien de gens tu as déjà fait souffrir
Et du fond de ton remords, tu lŽaimes encore
Tu es prisonnier de ton secret,
Mais ta douleur efface ta faute

Tu es mal dans ta peau, tu pleures
Sans pour autant être jamais consolé
On rit derrière ton dos, laisse faire !
Tu te sens seul dans cette ville de millionnaire
On rit derrière ton dos
Mais au fond, quŽest-ce que ce peut faire ?
Et tu souris à tout le monde, tu souris à tout le monde
Tu es prisonnier de ton secret,
Mais ta douleur efface ta faute

Pauvre maudit, comme ta vie doit être une comédie !
Pauvre maudit, comme ta vie doit être une longue nuit !
Pauvre maudit, pauvre maudit !

Quelque chose dans ta vie sŽen va
Tu ne sais plus réellement quoi penser
Tu nŽas plus lŽétincelle du génie
Tu nŽas plus lŽétincelle de la vie
Tu es mal dans ta peau, ce soir
Soudain tu nŽaimes plus ton image
Même si du fond de ta honte,
Tu souris à tout le monde
Tu es prisonnier de ton secret,
Mais ta douleur efface ta faute, ta douleur efface ta faute, ta douleur efface ta faute

zarxas - le 18/02/2008 à 00h37