wajdi - le guerrier déchainé

 

 

 

 

    Un débat lancé sans suite par lenmijuré : pourkoi je déteste les profs. Débat lancinant dans ma tête, paske j'ai été incapable de lire un roman pendant mes vacances alors ke j'avais juré de le faire. Et ke je m'en veux.

   

    En rentrant, j'suis tombé sur une chanson d'un chanteur ke ce ringard de Yohan m'a conseillé d'écouter ya dejà deux ans au moins : George Brassens. Ca m'a fait tilt.

 

    Les paroles, ça m'a fait penser à mon attitude par rapport aux potes du quatier, mes supers srabs à moi ke j'aime mais ke je traine des fois comme un gros boulet. Ceux ki considéraient k'avoir mon bac, même à 20 ans, c'etait comme les trahir. Et moi, ils comptaient beaucoup pour moi.

 

    J'vous mets la chanson, fodrait etre dans ma tête pour comprendre le lien. Mais j'sais ke vous êtes très forts à ce jeu-là. Toutes façons, ce post est un brouillon ki sera suivi d'otres pour comprendre mon latage à l'école. Distinguer ce ki vient de moi, de l'ambiance, du quartier ou des profs. 

 

 

Le petit joueur de fluteau ("Trop nul la musik" (mon reuf)).

Le petit joueur de flûteau
Menait la musique au château
Pour la grâce de ses chansons
Le roi lui offrit un blason
Je ne veux pas être noble
Répondit le croque-note
Avec un blason à la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi

Et mon pauvre petit clocher
Me semblerait trop bas perché
Je ne plierais plus les genoux
Devant le bon Dieu de chez nous
Il faudrait à ma grande âme
Tous les saints de Notre-Dame
Avec un évêque à la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi

Et la chambre où j'ai vu la jour
Me serait un triste séjour
Je quitterai mon lit mesquin
Pour une couche à baldaquin
Je changerais ma chaumière
Pour une gentilhommière
Avec un manoir à la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi

Je serai honteux de mon sang
Des aïeux de qui je descends
On me verrait bouder dessus
La branche dont je suis issu
Je voudrais un magnifique
Arbre généalogique
Avec du sang bleu a la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi

Je ne voudrais plus épouser
Ma promise, ma fiancée
Je ne donnerais pas mon nom
A une quelconque Ninon
Il me faudrait pour compagne
La fille d'un grand d'Espagne
Avec un' princesse à la clé
Mon la se mettrait à gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de flûte a trahi

Le petit joueur de flûteau
Fit la révérence au château
Sans armoiries, sans parchemin
Sans gloire il se mit en chemin
Vers son clocher, sa chaumine
Ses parents et sa promise
Nul ne dise dans le pays
Le joueur de flûte a trahi
Et Dieu reconnaisse pour sien
Le brave petit musicien

Mer 22 aoû 2007 20 commentaires
Ringard comme tu dis.
Sami - le 22/08/2007 à 23h28
Brassens aussi, un peu misogyne mais marrant.

a lune s'attristait. On comprend sa tristesse
On tapait plus dedans. Ell' s' demandait quand est-ce
Qu'on va s' rappeler de m'e n c u l e r.
 
Dans mon affreux jargon, carence inexplicable,
Brillait par son absence un des pires vocables
C'est : "e n c u l é". Lacun' comblée.
 
Lâcher ce terme bas, Dieu sait ce qu'il m'en coûte,
La chos' ne me gên' pas mais le mot me dégoûte,
J' suis désolé d' dire e n c u l é.
 
Oui mais depuis qu'Adam se fit charmer par Eve
L'éternel féminin nous emmerde et je rêve
Parfois d'aller m' faire e n c u l e r.
 
Sous les coups de boutoir des ligues féministes
La moitié des messieurs brûle d'être onaniste,
L'autre d'aller s' faire e n c u l e r.
 
A force d'être en butte au tir des suffragettes
En son for intérieur chacun de nous projette
D'hélas aller s' faire e n c u l e r.
 
Quand on veut les trousser, on est un phallocrate,
Quand on ne le veut point, un émul' de Socrate,
Reste d'aller s' faire e n c u l e r .
 
Qu'espèrent en coassant des légions de grenouilles ?
Que le royaum' de France enfin tombe en quenouille,
Qu'on coure aller s' faire e n c u l e r ?
 
Y a beaux jours que c'est fait devant ces tyrannettes,
On dans' comm' des pantins, comm' des marionnettes
Au lieu d'aller s' faire e n c u l e r.
 
Pompadour, Montespan, La Vallière et j'en passe
Talonnèrent le roi qui marchait tête basse
Souhaitant aller s' faire e n c u l e r.
 
A de rar's exceptions, nom d'un chien, ce sont elles
Qui toujours min' de rien déclenchent la bagatelle ;
Il faut aller s' faire e n c u l e r.
 
Oui la plupart du temps sans aucune équivoque
En tortillant du cul ces dames nous provoquent,
Mieux vaut aller s' faire e n c u l e r.
 
Fatigué de souffrir leur long réquisitoire
Ayant en vain cherché d'autres échappatoires,
Je vais aller m' faire e n c u l e r.
 
D'à partir de ce soir cessant d' croquer la pomme
J'embarque pour Cythère en passant par Sodome,
Afin d'aller m' faire e n c u l e r.
 
Afin qu'aucun' de vous mesdames n'imagine
Que j'ai du parti pris, que je suis misogyne,
Avant d'aller m' faire e n c u l e r
 
J'avoue publiquement que vous êtes nos égales,
Qu'il faut valider ça dans un' formul' légale,
J' suis e n c u l é  mais régulier.
 
chris - le 23/08/2007 à 00h51

C'est humain, je crois, la culpabilité qu'on peut ressentir à s'élever quand les autres restent en bas. Humain sans doute aussi de ressentir cela comme une trahison, pour l'autre. Un peu comme le chagrin des parents qui se sentent rejetés quand leur enfant s'émancipe, sans eux (mais grâce à eux).


Pour revenir à la chanson de Brassens qui n'a rien de ringard et que je t'encourage à découvrir, sans doute le petit joueur de fluteau n'aurait pas changé, même muni de son blason tout neuf. Peut-être que seul le regard des autres sur lui aurait changé, altéré par l'envie et une forme de jalousie. Car quand l'autre sort de sa condition, cela remet en cause l'idée que tout est écrit d'avance. Ca veut dire qu'on est acteur de sa vie, qu'il ne tient qu'à nous d'en changer le cours et cette pensée peut être insupportable pour ceux qui n'ont pas la force de se battre.


Peut-être vas tu comprendre ce qui suit. Quand j'étais au lycée, j'étais une forte tête, déjà sélective. Parfois, pour m'amuser, il m'arrivait de bosser en maths, matière que je détestais, et de me taper 20/20, pour le fun. Il suffisait que le prof me rende ma copie d'un air triomphant en disant "Ca y est, vous avez enfin décidé de bosser, vous avez compris" pour que la fois suivante, je lui rende une feuille blanche.


Je ne pouvais pas passer du clan des rebelles à celui des premiers de la classe. Débile parce que c'est dans mon propre pied que je tirais une balle. Sans doute, tu me comprends, toi.


Fiso - le 23/08/2007 à 19h13

Et peut-être que si l'école fabriquait pas de l'échec scolaire au kilo, si elle était ouverte et accueillante, si elle donnait sa seconde chance à tout le monde, même au dernier petit merdeux, si elle leur proposait d'autres voies, parfois moins académiques pour se révéler, pour révéler un potentiel quelconque, alors peut-être ta réussite n'aurait rien eu d'exceptionnel, et ce faisant n'aurait pu avoir dans ta tête l'apparence de la trahison.


Ton sentiment de culpabilité est compréhensible.  Noblesse de la solidarité tribale, car besoin tellement fort, tellement évident, vital sans doute au point d'en être parfois suicidaire, d'appartenir à un groupe. Mais pour les grands adultes responsables que nous sommes, quasiment résignés aujourd'hui à une école du déchet, ça fait quand-même de toi une vraie tête à claque, parce que dans l'univers de l'échec, ça fait mal au bide que même celui qui a  tout dans les mains pour s'en sortir choisisse de rester au fond du trou avec les autres


11.000 enseignants en moins à la rentrée : ca devrait aider... Merci qui ? Oh!91


PS : Brassens, sacrée référence en tout cas. Moi, y'a des étés où j'ai pas pu m'avaler un livre, et où j'ai beaucoup écouté Brassens. Arrêtes avec ta culpabilité!...

Oh!91 - le 23/08/2007 à 20h56

     Je crois k'on reportera un peu le débat sur l'école. Pour l'instant je suis encore englué dans les comms du post d'avant. J'ai du les lire a peu pres tous maintenant sauf les tiens Oh!. Au debut je me les gardais pour la fin. Paske j'ai bien compris ke ce sont les plus valeureux. Puis j'ai pas réussi à les commencer. Finalement, je me suis fié à Yohan et j'ai lu celui sur Ali et Menem. Contrairement aux autres commentateurs ki sont bouleversés, j'accroche moyen. Je comprends mal ce ke tu as vecu. Je crois ke j'ai plus souvent été dans leurs roles ke dans le tien. J'ai aimé etre devoré sans etre touché par des gars (rares mais toujours là) ki n'osais ke me froler, comme si c'etait le hasard. J'ai absorbé leur energie. J'ai bu leur admiration pour m'en saisir. J'etais plein d'eux kan je combattais. Je leur donnais très peu et c'etait pas une stratégie ni un effort de me retenir. Je le vivais comme naturel. Je ne leur ai rien volé ; ils me donnaient comme une source d'abondance, mais je crois k'ils se vidaient.

     Bien sur je suis content ke tu as ecrit tout ca sur le blog et encore plus si comme tu dis j'ai contribué pour ke ce soit possible.

     Je t'aime beaucoup 0h!91.

WajDi

Oui, WajDi, tu appartiens à un groupe. C’est lourd. Oui. Mais quelle chance !


Oui, tu as un passé, des ancêtres. C’est lourd et contraignant, surtout quand on en est éloigné. Mais quelle chance !


Oui, tu as autour de toi une famille, assez tribale, assez prenante. C’est parfois étouffant. Mais quelle chance !


Je n’ai jamais appartenu à un groupe, nous déménagions trop souvent. Je n’avais pas conscience de mes ancêtres, j’étais comme tous les autres enfants de province. Je n’ai pas vraiment eu de famille, élevé en fils unique (frère et sœur plus âgés et loin du domicile familial). Et je t’envie. Pourtant, je crois bien reconnaître ce que tu nous dit : c’est un problème identitaire. Chercher à avoir une identité (moi), ou préserver celle que l’on pense posséder (toi), présente quelques similitudes...


Tu avais un besoin primordial de te sentir un parmi les tiens. Vital même. D’autant que, sans trop savoir pourquoi, tu te sentais différent. Le besoin de donner des marques d’attachement n’en était que plus important. Tu étais donc hyper sensible à tout ce qui pouvait ressembler à une trahison, à un éloignement du groupe. La réussite scolaire pouvait être l’une de ces trahisons. Tu privilégiais ton identité au détriment de ta personnalité. Comme beaucoup de jeunes, crois-moi. Il ne sert à rien de revenir en arrière. Tu es un homme, un vrai. Il t’appartient maintenant de concilier cette identité communautaire, et l’épanouissement de ta propre personnalité. Tu en as pris le chemin, il me semble...


Tu ne parviens pas à lire... Est-ce grave ? Enfant, je dévorais des dizaines de livres par mois... Il m’arrive maintenant de rester plusieurs mois sans lire. Est-ce grave ? La lecture, je crois sincèrement que c’est comme l’amour : une affaire de rencontre. Un jour tu auras envie de lire un bouquin. Et une fois commencé, tu ne pourras le poser avant de l’avoir fini. Ai confiance. Ça ne peut arriver en programmant les choses. Un jour tu feras la bonne rencontre...


Je voudrais quand même dire un mot de l’école. Je vous vois tous tirer à boulet rouge dessus... J’ai un autre témoignage. J’ai passé ma vie dans le milieu enseignant. J’ai côtoyé des tas d’instits et de profs passionnés par leur boulot et consacrant avec acharnement leur vie à redonner des chances à ceux qui n’en avaient pas ou plus... Je sais. C’est une minorité... Mais une grosse minorité...


Quant aux autres... Qu’ont fait les différents gouvernements (y compris ceux de gauche d’ailleurs...) pour que le métier d’enseignant soit revalorisé et cesse d’être un métier de raté, refuge après xx autres échecs, avec un salaire complémentaire (parce qu’insuffisant comme principal) compensé par les " avantages " des vacances...


C’est vrai, moi j’étais plutôt entouré d’enseignants qui passaient leurs soi-disant petites vacances à encadrer des stages de formation d’animateurs et leurs grandes vacances à diriger des colos... Pour les enfants d’ouvriers...


Et puis enfin... L’école ne peut pas tout faire... Le reste de la société a sa part de responsabilité, non ?


Boby - le 23/08/2007 à 23h55
Putain, mec ! ta sincérité me fait plaisir.T'es vraiment un type bien ! C'est pas moi qui suis "valeureux" (le mot m'amuse) d'avoir écrit tout ça, mais je conçois qu'il faille être valeureux pour tout s'avaler en une fois... Je pensais pas que j'allais en étaler autant quand j'ai commencé. Si tu trouves trop indigesten franchement, je comprends. Je me mets même à ta place. Y'a juste ceux du 6/08 et du 15/08 que j'aimerais que tu lises, à l'occase... Pour le reste, on n'est pas des surhommes. moi aussi je t'apprécie beaucoup, mais ça, tu le sais. OH!91
Oh!91 - le 24/08/2007 à 20h34
Bah moi suis assez d'accord avec boby sur l'école. L'école n'est pas la responsable des maux de la société même si je reconnais qu'elle sert aussi à reproduire les élites et à laisser sur le bas côté une bonne partie des gamins. L'école m'a permis un certain éveil intellectuel et peut être est ce le hasard des profs et instits rencontrés mais j'en ai pas une mauvaise image.
Sinon ce blog est tellement rempli de messages d'amour et de sympathie que ça nous rend tous attendrissants. Serions nous tous devenus des bisounours???
lol
BIZ
Yohan - le 25/08/2007 à 10h07
Je ne crois pas au destin. Les seules prisons qui existent sont celles qu'on se construit pour soi-même.

Nous sommes libres et responsables de notre vie : si le joueur de flûte refuse de prendre l'ascenseur social, ce n'est pas en raison d'une espèce d'atavisme débile, mais par amour de la liberté. Comme Rostand l'écrit dans Cyrano : "Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !".
Eric - le 25/08/2007 à 10h38

    Mon cousin est écroué pour un an en attendant son procès en appel. Il n'a pas construit lui-même sa prison.

    Pour le reste j'ai rien compris mais j'crois ke c'est une vision de droite. Ca presuppose k'on a tous la meme capacité de démerdage dans la vie. Or ce n'est pas vrai. L'égalité, c'est quand la société compense cette inégalité de départ. Et la société, c'est la communauté des hommes.

WajDi
Eric, c'est bien ce que t'écris sur la liberté, c'est bien pour les poètes en tout cas, mais t'as pas un peu l'impression que ça dédouane complètement la société ? A ce compte-là, si chacun est seul responsable de son propre destin, si l'itinéraire de chacun n'est que la résultante de choix libres et assumés, alors pourquoi les inégalités et les injustices se reproduisent-elles tout le temps dans le même sens ?
J'suis d'accord, Boby, l'école est pas seule en cause, elle a pas les moyens de corriger les dés que notre société pipe au départ. mais je les vois, ces profs qui se laissent en deux ou trois ans fagocyter par le système, décourager par les difficultés. Ca renforce tout le mérite de ceux, et c'est vrai qu'ils sont nombreux, qui ne démissionnent pas. Et comme tout dépend si souvent de si t'accroches avec un prof ou pas, comme dit Yohann.
Yohann, fous pas la honte à Wajdi quand il dit des mots d'amour. Tu vas finir par le décourager. Bises. Oh!91
Oh!91 - le 25/08/2007 à 11h19
Je voulais pas mettre la honte à wajdi. Les messages d'amour sont écrits par tous et pas seulement par lui... C'est juste qui si on prend un peu de recul sur ce blog et ses participants on a l'impression qu'il s'agit d'une communauté dont les membres ne cessent de se dire des je t'aime lol
Allez gros bisous à tous et toute ;-)
Yohan - le 26/08/2007 à 22h03