wajdi - le guerrier déchainé

à Bénédicte, et tous ceux qui font bien leur métier... Ma police idéale marche sur ses deux pieds. Elle considère celui d'en face comme un…
Ven 31 oct 2008 22 commentaires

@ Oh
je ne sais pas encore si je dois être content ou non de ton comm à mon sujet, ou plutôt au sujet de ce que je disais. En effet, je pense que Wajdi n'a pas besoin de moi pour voler à son propre secours. Et puis vouloir me récupérer dans ta lutte contre les réactionnaires et les conservatismes, ne me convient pas. Je pense que Salvatore à toutes les raisons de déplorer les boules de pétanques, les frigos ou les balles tout court lorsqu'il accomplit ses missions. Je ne voudrais pas être à sa place. Comme Wajdi et toi même je déplore et condamne les violences policières. La police ne se grandit pas à perpétrer de tels actes. Je sais aussi que leurs vis à vis ne sont pas non plus des enfants de coeur. 
C'est pour aider à maintenir le débat sur des rails acceptables par tous que j'ai écrit ce comm. J'espère avoir été entendu.
Bien que je ne partage ni toutes tes idées ni la manière systématiquement "pessimiste"(c'est un euphémisme !) dont tu dépeins notre société actuelle, je continue à croire en la valeur de l'homme que tu es et en notre mutuelle amitié.
Je t'embrasse.    

Dan-Oméga - le 03/11/2008 à 22h07
Dan, je te confirme qu'il s'agit bien d'un commentaire en rien constructif. D'ailleurs, mon commentaire était une caricature complètement assumée qui n'avait qu'une vertu : vous tendre le miroir.
Parce que mon commentaire est, sur quelques points (pas tous), totalement réactionnaire, bourré d'amalgames, jouant sur l'impersonnalité du "on", du "les" ou du "la", ce n'est que le pendant parfait de ton texte Wadji.

Eh oui, pourquoi ce genre de texte me saoule ? Tout d'abord parce qu'il est construit sur les non-dits et les amalgames. Cette idée que la police est pire qu'imparfaite (parce que l'imperfection de la police est un fait, personne ne le nie). En fait, à la lecture de ton texte, la police est opposée en tout point à ta vision idéale.
En cela, qui est le plus réactionnaire des deux ?
 
Très franchement, au risque de décevoir Oh!91, je trouve que ton discours Wadji est tout aussi conservateur et réactionnaire que la caricature que j'ai écrite ci-dessus. 
Tu te fixes sur une position confortable, celle de la Police comme un monstre froid et uniforme, une entité homogène dont le flic n'est qu'une représentation sans âme. Position confortable parce que forcément, ça n'oblige à aucune remise en cause de ton côté, à aucun moment tu prends ta responsabilité puisque la mère-police est une mère indigne qui ne te guide pas, qui ne te donne jamais de chance, etc.
Le flic inhumain est une généralité parce que tu ne vois que lui. Le flic correct, le flic qui fait son taffe sans faire le cowboy, tout le monde l'oublie. On ne retient que le beauf ricardisé, le cowboy, le facho, le pourri... Combien de repas de famille, j'ai eu droit au beaufiot de cousin qui me sort son histoire du flic bidon pour dire avec condescendance "la police c'est pas des flèches mais bon, toi, c'est pas pareil"... C'est de l'amalgame aussi pourri que celui des "manouches voleurs", des "arabes fainéands" et autres beauferies racistes.
Les généralités fondées sur rien ou sur un vécu plus ou moins revisité par le souvenir n'apportent rien d'intelligent à une discussion.

En fait, quand je te lis et quand je lis Oh!91, désolé de le dire si brutalement et sauf soit ton respect, mais j'ai l'impression de lire des "vieux cons". Il ne me semble pas que vous soyez vieux à vous lire.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y a rien à dire sur la police et son fonctionnement. Bien au contraire. Sauf que si on peut faire des constats sur l'échec de nos politiques de sécurité depuis des décennies, il me semble plus que cliché que d'assimiler tous les flics à l'opposé de ta police idéale.

Certes, j'ai la chance de taffer dans un coin qui ne connait "que" le banditisme et le stup' et pas trop les violences urbaines. Donc j'ai la chance de pouvoir encore entrer dans nos cités les plus difficiles. Du coup, j'ai la capacité de faire autre chose que du pur répressif. J'arrive encore à prendre à part les gamins les plus durs pour discuter, même si les générations de petits caïds qui arrivent me font très peur quand à leur sens des valeurs. Cette police on peut la faire dans ce genre de contexte, quand on est en civil ou une unité spéciale (ils n'aiment pas le flic en tenue de police-secours, probablement une question de standing).
Mais être flic dans certaines villes, c'est être Davy Crockett à Fort Alamo. Quand ils en sont à se dire qu'à chaque mètre dans la cité, c'est une plaque d'égout, une boule de pétanque et même maintenant un tir de fusil à pompe qui peut leur arriver dans la gueule, il ne faut pas s'étonner que ça explose.
Alors quand un flic fait une bavure, il faut arrêter de croire que ce geste est le produit d'une haine froide, rationnelle, une jubilation de se frotter à une cinquantaine de mecs qui nous caillassent en se disant qu'on va "casser du crapaud".
Dans les émeutes, nous sommes défoncés à l'adrénaline, nous sommes désavantagés par le terrain, beaucoup de flics sont sous-formés, trop jeunes, trop déracinés et écartés entre l'ordre de faire cesser l'émeute et l'ordre de ne surtout pas faire de vague, paix sociale oblige.
Alors quand bavure, il y a. Il faut arrêter de croire que ça ne mine pas le flic, qu'il ne se pose aucune question. Surtout quand il est laché par son institution, traité comme un salaud, une crapule par la Presse et l'IGS. Il est tellement facile de juger sur plusieurs jours, au chaud, tranquille, l'acte d'un mec qui a eu un centième de seconde pour agir ou ne pas agir face à une situation de crise. Ca n'excuse pas tout, ça ne déresponsabilise pas mais évitons les clichés...

 Et pour te répondre sur Montfermeil, je n'ai pas dit que je ne voulais pas condamner les collègues s'ils avaient fauté. J'ai dit que je ne connais pas l'affaire, cette video, on ne connait pas tout, on ne voit pas les jambes du type interpellé, etc.
Ces précautions, je les ai pour mes collègues comme je les ai pour toute autre affaire. J'ai tellement vu d'affaires soit-disant simples et claires finir avec une autre fin, souvent bien différente du début. En matière de police, le profil du salaud idéal est souvent piégeux.

Donc Wadji, un vrai dialogue commence quand on se met sur un pied d'égalité, pas en commençant par un texte à charge.
Si ton rapport avec les flics est toujours sur ce registre, il ne faut pas s'étonner que ce soit tendu à chaque fois.
Personnellement, quand un mec me parle comme si j'étais une sorte de caricature du flic facho et cowboy, je n'ai vraiment pas envie de faire ma Soeur Emmanuelle en tendant l'autre joue.
Quand je sais en revanche qu'on peut discuter en bonne intelligence, j'arrive à parler même (surtout) avec les pires bandits. C'est ça le vrai respect. 
Salvatore - le 03/11/2008 à 22h25
Mon prénom, c'est Wajdi. Et pas dji. Mais j't'en veux pas, moi aussi j'étais dislecsique.

J'trouve que t'insultes beaucoup pour un keum ki dit avoir appris à respecter a priori les gens.

Et puis tu parles comme un socialiste : tu parles beaucoup mais au fond tu dis rien. On comprend pas au total cke tu veux comme police, cke tu condamnes et cke tu retiens comme étant bien, si tu généralises ou si tu fais semblant de généraliser pour montrer k'il faut pas généraliser. Bref je comprends rien, ni à cke tu me reproches, ni à cke tu souhaites.

WajDi
Quand on pense que Martin Luther King avait été classé comme l'une des plus grande menaces de la Nation, et tout ça parce qu'il avait eu l'audace de dire "I have a dream".
C'est bizarre comment des fois les textes qui rêvent d'un idéal sont perçus comme des "textes à charge".
muxisu - le 05/11/2008 à 07h16
J'crois k'ils sont perçus comme des "textes à charge" par les gens ki crèvent de ne pas se sentir aimés, et ki s'y prennent comme des manches pour se faire aimer.
WajDi

WAJDI FOR PRESIDENT!

zarxas - le 06/11/2008 à 01h49
...prépare-toi frangin, 47 ans...dans 20 ans c´est ton tour
zarxas - le 06/11/2008 à 01h51
Ben kes tu foutais toi ? t'as passé la fin de ta 46eme année sous terre ou koi ?

Félicitations. Parait k'à 50ans on est plus heureux k'à 30.
WajDi
Grave!
muxisu - le 06/11/2008 à 02h22
Tout d'abord, désolé d'écorcher ton prénom.
Pour les insultes, si tu parles de "vieux cons", c'était en synonyme à "vieux chnoks", vieux réac' en somme... C'est à prendre au second degré. Parce que je trouve que les vieux cons sont de plus en plus jeunes en France. Tu préfères plus de liberté et donc plus de responsabilité ou un Etat qui te tient par la main pour tout au risque de t'asphyxier en pensant à ta place, en tuant dans l'oeuf ta liberté ?

Quant à l'usage de "beaufiot", désolé mais je trouve le terme plutôt parlant. Je crois effectivement que les généralités à la con, qu'elles soient politiques, sociales ou ici sur une profession conduisent toujours à des analyses plus proches de l'analyse Bar PMU que de la sociologie !

Prendre une catégorie de personnes comme un tout homogène, assimilé cette multitude d'identités au comportement d'une minorité, c'est exactement les propos que tu condamnes par ailleurs.
Parce que la construction de ton texte est loin du "I have a dream" de King, relis le, tu verras.
Donc si c'était vraiment pour engager le dialogue et non pour qu'on te conforte dans tes idées, il aurait fallu que tu commences la discussion sur un pied d'égalité.
D'ailleurs, c'est assez drôle de voir qu'après tu t'amuses à calquer encore d'autres clichés sur moi, plus pour avoir le dessus que pour vraiment être prêt à dialoguer.
Parce que personnellement, je n'ai pas fait condé pour être aimé, même si je ne refuse pas les numéros de téléphone de certaines requérantes. Tu crois que le comptable fait comptable pour être aimé ?

Donc désolé mais Martin L. King avait une dialectique plus puissante que ça...
Et Obama, sa force, c'est avant tout de se placer comme le symbole d'un Amérique qui transcende les clichés, celle de la méritocratie.

Quant à la police que je souhaite, c'est celle que j'essaie de faire au quotidien avec tous les collègues de mon unité. Elle n'est pas si lointaine de celle dont tu parles. Donc les sempiternelles plaintes de discrimination, de police qui inquiète, etc. franchement ça me saoule.
Ca me saoule parce qu'elle n'est l'observation que des dérapages d'une minorité. On ne parle que d'elle et jusqu'à nos politiques, tout se fonde sur les travers de cette minorité.
Tous les jours, quand je fais mon taffe, c'est dans une optique de police de proximité. Si on ne me parle pas comme un chien, si on ne me regarde pas comme l'ennemi, je reste pleinement accessible. Mais combien de mecs s'enterrent eux-mêmes dans leurs conneries parce qu'ils restent ancrés dans leurs petites certitudes ?
Combien de fois, pris à part, un "client fidèle de la maison" arrivait à discuter avec moi, calmement ? Il arrivait à admettre des erreurs, on arrivait même à instaurer des codes entre nous, pour s'exprimer plus librement. Et une fois avec ses potes, il tapait la gloriole et "niquait la police" voire me balançait des briques du haut d'une tour. Et de retour au poste, avec les menottes, il disait encore une fois que c'était la faute de la société.

Et le plus dommageable n'est pas la position des délinquants mais celle de certains jeunes sans histoire vivant dans les mêmes quartiers et qui choisissent toujours de justifier les actions des délinquants contre ceux de la police... Pourtant, ceux qui leur causent le plus de tort, ce n'est pas la police. La présence policière n'est qu'une conséquence et non la cause de leurs problèmes.
Parce que si c'est un fait que la France est encore un pays où il existe une véritable discrimination sociale et ethnique, il est aussi un fait que la majorité des discriminés trinquent du comportement d'une minorité plus qu'agitée. Et par le silence de tous, on demande - à tort assurément - à ceux qui n'ont rien à se reprocher de se justifier des actes de cette minorité délinquante. Donc à la place de ces gens, je serais effectivement agacé de me justifier mais je ne me sentirais pas du tout solidaire de ceux qui confortent la connerie de ceux qui me jugent à coup de clichés.

Alors moi, je veux bien condamner sans équivoque les flics qui ont fauté. Mais ce qui manque, c'est aussi la clarté de l'autre côté.
Exemple : Quand un gamin se tue tout seul dans une voiture volée en voulant fuir à une "prise en charge" de la police, combien de fois entend-on que c'est certes tragique mais que s'il avait obtempéré, il serait toujours en vie ? Personnellement, je ne l'ai jamais entendu ! Quand ce n'est pas la cité qui brûle, c'est la mise en accusation des policiers qui est sur la sellette.
Donc du chemin pour un vrai dialogue, il en reste à faire et des deux côtés.

 Et de ma caricature du début, il reste une chose à laquelle je crois fermement : la responsabilité. Surtout parce que sans responsabilité, il n'y a pas de liberté.

J'espère que tu auras compris mon propos cette fois... Et que ça te permettra d'engager de vrais dialogues cette fois.
 
Salvatore - le 07/11/2008 à 00h59
Pour mon prenom, c'est pas grave, c'est pas mon vrai prénom. Mais j'prends kan même les excuses.
Merci pour ton message.
J'te répondrai dans un post.
WajDi
Ma police idéale ressemble à la tienne, c'est clair.
Et je peux te dire qu'elle existe.
J'aurais plus tendance à accabler les politiques successives, et l'acharnement médiatique, qui ont réussi à la rendre de plus en  plus impopulaire, que la "population".
Et pourtant, je n'ai rien d'une assistante sociale, j'aime ce métier, et si la prévention est un mot qui me parle fort, je n'ai pas du tout honte du mot répression.
Je n'ai rien à attendre du monde dans lequel j'ai bossé, que ce soit la société ou l'administration police. Je les prends comme ils sont, je n'ai pas le choix.
J'ai filé mon livre à Oh! pour toi.
Et là, t'as mon adresse msn si un jour tu veux papoter.
@+ et biz
bénédicte - le 07/11/2008 à 01h19
Merci pour le bouquin. Si tout ce passe bien, je l'aurai dimanche.
WajDi
A la caricature a succédé la caricature.
A l'invective à répondu l'invective.
A l'offre de dialogue doit répondre le dialogue.

Si vous pouviez oublier vos armes, toi ton ressentiment et toi ta matraque, je suis bien certain que vous trouveriez les mots pour entamer la discussion, même si vous ne vous faites pas la bise à la fin.

Pour toi ça ne sera pas une tache à la mémoire de ton frère et pour toi ça fait partie de ton métier aussi.

Je me tiendrai coi. Si je peux.



 
Dan-Oméga - le 07/11/2008 à 10h33
Ouh la! Je n'ai jamais dit: "Wajdi, t'es trop comme Martin Luther King" lol. Je parlais du fait de rêver d'un idéal: ça fait toujours enrager des gens. Relis bien mon post avant de charger.
J'ai trouvé la réponse de bénédicte beaucoup plus claire. Je viens de découvrir son blog. Décidément je suis bien content d'avoir rencontré la prose de Wajdi. Wajdi pique notre curiosité et nous amène à rencontrer ce qu'écrit Bénédicte. A qui on parle d'effort, quand vous avez deux anticlichés qui se tendent la main. Moi j'aimerais bien le lire ton bouquin, Bénédicte. Wajdi, ce que tu écris c'est vraiment très puissant aussi.
Bref, je ne vous connais pas, mais je vous aime!
muxisu - le 07/11/2008 à 14h30